Daniele Bossi – interview

Peux-tu te présenter en quelques mots ?  Quel est ton parcours ? 

À la base, j’ai un bachelier de styliste-costumier que j’ai décroché à l’Institut Supérieur de Mode et Art du Costume « ILDA BIANCIOTTO », à Turin (Italie). Je l’ai complété avec des stages et Master Class à l’Académie Haute Couture « KOËFIA » de Rome.

En 1995, j’étais lauréat de mon premier concours National de jeunes stylistes « Riccione » (Italie). J’ai participé à grand nombre de compétitions et ai souvent été très bien classé.

Depuis 2008, je crée des costumes pour l’ASBL Marchienne BABEL à Charleroi, dans le cadre du Festival biannuel « MAI’TALLURGIE » et pour les Journées du Patrimoine. Je suis également à la fois artiste, animateur socio-culturel et responsable de projets socio-artistiques à l’EDEN (Charleroi).

Détail photographique d’un costume

D’où te vient ta passion pour le costume, et plus spécifiquement, pour l’univers du carnaval ? 

 J’ai toujours été fasciné par LE COSTUME, entendu comme «  un spectaculaire mécanisme de travestissement théâtrale », « un ’extraordinaire parure de déguisement scénique » qui permet à n’importe quelle personne de devenir n’importe quel personnage , d’incarner une figure, un caractère historique, cinématographique ou fantastique …. longtemps fantasmé !

Une sorte de « capsule textile spatio-temporelle » qui permet d’explorer l’imaginaire et de se glisser dans les « habits » d’un rêve fait d’étoffes, de postures et d’ornements…

Et quel meilleur moment de l’année pour ce « glissement d’identité » que celui du CARNAVAL, parenthèse de basculement du quotidien où l’impossible devient possible, où le songe se mélange à la réalité  !!!

Dans cette magie carnavalesque transformatrice, le costume prend tout son sens en tant que personnification d’une nouvelle identité et voyage dans une nouvelle dimension !  

Peux-tu nous emmener dans ton processus créatif, pas à pas ? 

Toutes mes créations sont exclusives et faites sur mesures. Elles marient la Haute couture et l’art du costume, autant dans les techniques que les matières. Chaque costume se compose de plusieurs éléments : coiffe, tenue, accessoires.

D’abord on commence par la phase préparatoire dans laquelle je rencontre les client·es et nous discutons ensemble de leurs envies et besoins. Ce rendez-vous est suivi par une recherche d’inspiration, qui prendra corps via la réalisation d’un Moodboard reprenant les grandes lignes du projet. Après validation, j’achète les tissus en mercerie (de préférence accompagné par les client·es).

La seconde phase comprend l’élaboration et la fabrication du costume en lui-même. Je commence par créer un patron en papier et arrive le premier essayage. Bien sûr, le client valide à chaque étape d’essayage intermédiaire. La finition comprend l’ajout de dentelles et d’ornements.

Détail d’un costume exposé

Quels matériaux utilises-tu ?

Mes costumes sont tous des créations exclusives et destinées essentiellement au Carnaval de Venise, connu et reconnu mondialement pour son raffinement et son originalité. 

Il est donc essentiel que toutes les matières employées soient de haute qualité, des tissus aux galons, des perles aux dentelles. Dans les tissus on retrouve par exemple : les velours et les taffetas en soie, la dentelle de Calais, les brocards et autres étoffes précieuses. Dans les ornements : les strass en cristal, les perles en verre de Murano, les galons brodés, les fleurs en tissus, les plumes naturelles…. 

Pourquoi ce double mouvement entre couture et photographies ?

Si le costume est un voyage éphémère dans une autre dimension, un rêve matérialisé en étoffes et parures précieuses, le meilleur moyen pour moi qui permet de les figer, de les capturer et de le traduire sur un support visuel persistant reste la photographie.

Je ne suis pas photographe pour autant, mais j’aime travailler avec ses artistes, que je considéré comme des « peintres de lumière » , lors qu’ils amènent dans leur recherche de la mise en scène de mes personnages. Une mise en scène qui permet de leur donner vie et de les sublimer avec une posture, une lumière, un décor…. 

La photographie devient alors une trace, une empreinte laissée le lendemain, au réveil d’un rêve carnavalesque 

Comment décris-tu l’essence du carnaval ? 

Le CARNAVAL est comme un grand jeu théâtral entre « vrais-faux personnages » qui évoluent dans une dimension de « vraie-fausse réalité ». 

Ma passion pour l’art du costume trouve à Venise, extraordinaire cité de marbre bâtie entre ciel et mer, le plus somptueux des théâtres à ciel ouvert, le décor idéal pour mettre en scène « mes créatures extraordinaires ».

La magie du Carnaval exalte la nature fantastique de la Serenissima et la transforme en un lieu enchanté où l’imagination peut laisser éclater toute sa folie créative et exubérante !!! Dans la ville de l’impossible tout devient alors possible ! 

Merci à Daniele Bossi d’avoir donné de son temps pour l’interview. Propos recueillis par Lara Cheramy.

Publié par ccfontaine

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